Sunday 6 January 2013

Comment ma vie a basculé

J’ai perdu mon premier fils dans un accident de voiture. il aurait eu 19 ans cette année. Chaque fois, la date de son anniversaire me rappelle de tristes souvenirs. Mon fils a été fauché par un chauffard un jour à la sortie de l’école. Lui et un de ses amis étaient dans un état critique. Ils ont été tous les deux transportés à l’hôpital. Mon fils devait être opéré. Je n’étais pas à Abidjan, j’étais en voyage. Lorsque la nouvelle m’est parvenue par mon mari, je suis tout de suite rentrée. Après l’opération, il a tenu trois jours. C’est le lendemain de mon arrivée qu’il est malheureusement décédé. Ce qui me fait croire qu’il avait peut-être voulu me voir, me faire ses adieux avant de s’en aller.

Cet événement m’avait anéantie. Je me demandais comment j’allais pouvoir continuer à vivre avec cette image. Voilà que c’est arrivé, mais pour moi c’est comme si c’était hier. Le plus dur surtout, c’est lorsque la date de son anniversaire arrive (en juillet) et le fait de ne pouvoir jamais connaître le jeune homme qu’il serait devenu. Mais, à deux (mon mari et moi), on a réussi, du mieux qu’on pouvait, à surmonter le coup.

Mon calvaire ne s’est pas arrêté là, malheureusement. Car un autre malheur m’attendait.

Je suis tombée enceinte de mon deuxième enfant, quelque temps après ce malheureux accident. Après mon accouchement, tout se passait bien. Et puis, un matin au réveil, je constate que mon mari ne répond pas à mon appel. Je l’ai touché, secoué, il ne bougeait plus. Il était mort. Dans le lit ! Sans doute dans son sommeil.

J’ai aussitôt appelé un médecin. Il est venu et a constaté le décès. Selon lui, mon mari a été victime d’un arrêt cardiaque. Son décès était survenu au petit matin. Je dormais encore et je n’ai donc rien su de tout cela, jusqu’à mon réveil, vers 6 heures. Mon mari est parti ainsi. Sans que notre enfant, notre tout dernier, âgé de quelques mois ait eu le temps de le connaître.

Ces deux événements tragiques ont bouleversé et transformé ma vie. Et ils ont failli avoir raison de ma propre vie. N’eût été la présence de mon petit garçon, je ne sais pas si je serais encore de ce monde. Car j’avoue que l’idée du suicide m’a traversé l’esprit au début. Moi qui écoutais tout le temps de la musique, désormais, je n’en avais plus envie. Je n’avais envie de rien du tout en fait. Un moment donné, j’avais même peur que cette envie de quitter ce monde soit finalement plus forte que tout et que rien ne puisse me sauver.

Mais je remercie Dieu, puisqu’il m’a permis de remonter la pente. Ce n’était pas facile. Cette histoire m’a donné un enseignement : on ne connaît le véritable bonheur que quand tout s’est écroulé autour de nous. C’est à ce moment-là qu’on s’aperçoit que le plus important n’est pas seulement l’argent ou la fortune qu’on rêve d’amasser. Il y a surtout la santé et le bonheur d’être entouré de ceux qu’on aime et qui nous le rendent bien. Ceux qui donnent un sens à notre vie. Mon mari m’avait appris à vivre heureuse, il savait m’aimer. Son décès et celui de notre fils m’avaient plongée dans une profonde déprime.

Depuis ce temps, j’ai essayé tant bien que mal de me refaire une nouvelle raison de vivre; je me suis fait de nouveaux amis. Mais ils ne pourront jamais remplacer ceux que j’ai eus de plus cher au monde : mon mari et mon fils. Ils me manquent et c’est toujours difficile de supporter chaque fois le film de leur décès. J’essaye de vivre comme tout le monde. Mais il y a des jours où je n’ai pas le moral et je m’enferme chez moi. Parce que je ne veux voir personne.

Aujourd’hui, avec l’approche des fêtes, je suis un peu triste au moment où tout le monde est dans l’effervescence. Je me dis que si ceux que j’ai perdus étaient là, on serait tous réunis en famille dans une belle ambiance pour passer ensemble d’agréables moments inoubliables. Toutefois, je prie pour eux à cette occasion afin qu’ils reposent en paix.

Le fait de lire des témoignages dans votre journal m’a beaucoup aidée. Car, en fin de compte, je me dis que je ne suis pas la seule à vivre des choses difficiles. C’est la vie.








No comments:

Post a Comment